Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, le procureur général honoraire près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, nous parle du rôle et des actions de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique dont il est le président.

 « La période 2009-2019 a été une décennie noire pour la confiance politique en France. » C’est la conclusion — sans appel — du Cevipof à l’issue de dix années de suivi du Baromètre de la confiance politique. Depuis 2009, il dévoile les niveaux de confiance accordée aux acteurs politiques, sociaux et économiques par les Français et, en dix ans, ceux-ci n’ont cessé de se dégrader. De quoi envisager de le renommer Baromètre de la défiance politique plutôt que celui de la confiance…

Les nombreuses affaires politico-financières qui ont fait la une des médias au cours de cette dernière décennie n’y sont probablement pas pour rien et notamment, parmi elles, l’affaire Cahuzac, qui a précipité la création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Pour répondre à cette attente citoyenne d’une intégrité et d’une exemplarité sans concession des responsables publics, la Haute Autorité s’est attelée à la tâche avec conviction et détermination.

Depuis cinq ans, au fil des dossiers qu’elle examine et des questions qui lui sont soumises, elle contrôle, conseille, encadre, propose ou sanctionne. Elle ne se perd pas dans la poursuite d’erreurs vénielles mais elle n’hésite pas non plus « à nommer et à blâmer ». Par son action résolue, engagée sur le long terme, elle conduit l’ensemble des décideurs publics à adapter leurs comportements et à intégrer la culture de la probité. Ainsi, la Haute Autorité fait sa part, comme le font les autres acteurs concernés, notamment l’autorité judiciaire et en particulier le procureur de la République financier, fonction créée à la même époque et avec le même objectif.

Au cours des cinq dernières années, depuis le poste d’observation qui est le mien à la présidence de cette institution, dans le prolongement de ma carrière au service de la justice, qu’il me soit permis ici de ne pas joindre ma voix au cantique du « tous pourris » et de louer la probité de la très grande majorité de ceux qui exercent des responsabilités publiques, qu’ils soient élus ou non.

Face au fantasme de l’impunité et de la connivence, il ne saurait être question, sous prétexte d’une transparence mal comprise ou d’un soupçon permanent érigé en prurit, de paralyser l’action publique et de n’accueillir, au sein des organes politiques ou de la haute fonction publique, que des personnes sans courage ni épaisseur, sans intérêt et transparentes au sens péjoratif du terme.

Aujourd’hui, la transparence est un acquis démocratique mais elle reste fragile. Elle ne peut et ne doit pas devenir le vecteur de la défiance car sa raison d’être, c’est bien la restauration de la confiance des citoyens : confiance dans leurs dirigeants, confiance dans leurs institutions. Celle-ci peut nécessiter un apprentissage. Tout comme les responsables publics adaptent leurs comportements à cette exigence renouvelée d’exemplarité et de vertu, les citoyens doivent fournir leur part de cette nouvelle donne : ils ont le droit et le devoir d’être exigeants, ils ont le droit et le devoir d’apprendre la confiance. L’avenir de notre démocratie en dépend. »

Jean-Louis Nadal, président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, procureur général honoraire près la Cour de cassation

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